DOI : https://doi.org/10.57161/r2023-01-00
Revue Suisse de Pédagogie Spécialisée, Vol. 13, 01/2023
On sait depuis plus de vingt ans que l’intervention intensive auprès des personnes présentant des troubles du spectre de l’autisme peut les aider à améliorer leur socialisation dans un monde à majorité neurotypique. Par la suite, diverses études ont été réalisées pour évaluer les effets d’une telle prise en charge dès le plus jeune âge. Celle de Dawson et al. (2012) [1] autour de l’ Early Start Denver Model (ESDM) appliqué à des enfants âgés de 18 à 30 mois démontre l’efficacité de cette intervention sur les trajectoires développementales, en augmentant notamment le fonctionnement adaptatif.
En Suisse, dans son rapport sur l’autisme (2018) [2] , le Conseil fédéral recommande les interventions précoces intensives (IPI) globales, c’est-à-dire impliquant aussi les parents, celles-ci pouvant grandement améliorer la situation des enfants et des familles concernées. Par exemple, en diminuant certaines manifestations de l’autisme, on augmente les chances d’une intégration réussie dès l’entrée à l’école obligatoire. Les effets positifs de l’IPI se feraient donc ressentir tout au long de l’existence et permettraient d’améliorer sensiblement la qualité de vie ; d’où l’importance de repérer, de diagnostiquer et d’intervenir au plus tôt.
Certes, ce type d’intervention a un prix. Toutefois, à moyen et long terme, l’IPI ne s’avèrerait pas plus couteuse, en diminuant les mesures de soutien durant la scolarité obligatoire et les frais de prise en charge ultérieurs (p. ex., formation professionnelle, mesures de l’AI ou aide sociale), ainsi qu’en réduisant les pertes de productivité tant des parents que des personnes concernées. La mise en place de l’IPI est donc une opération profitable pour l’ensemble de la société.
Ce numéro propose divers articles sur l’autisme, son repérage, son diagnostic et ses interventions. Après une présentation générale du trouble du spectre de l’autisme et les recommandations quant à son accompagnement (article de Nadia Chabane et Chloé Peter), Nada Kojovic et Marie Schaer exposeront comment les nouvelles technologies révolutionnent le dépistage précoce de l’autisme, en soutenant la démarche diagnostique des cliniciennes et cliniciens. Ensuite, Gionata Bernasconi et Nicola Rudelli nous présenteront un support développé au Tessin visant à aider les parents ainsi que les professionnelles et professionnels à communiquer le diagnostic aux enfants et jeunes concernés. Finalement, nous ferons un saut au Québec pour découvrir la fonction d’intervenante et intervenant pivot, qui vise à favoriser la collaboration interprofessionnelle afin d’améliorer le suivi de l’enfant (article de Jolaine Roussel, Nadia Abouzeid et Céline Chatenoud). Finalement, la Tribune libre livre le témoignage de Romane Garcia sur son parcours l’ayant amené à devenir pair-aidante autiste professionnelle.
Bonne lecture !
Géraldine Ayer Collaboratrice scientifique CSPS |
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